Des crises d’agoraphobie… C’est ce la nouvelle maladie l’on m’a diagnostiqué très récemment. Comme si tout ce qui m’était arrivé de par le passé n’était pas suffisant… Désormais, un jour sur deux, je dois me rendre à Kurohoshi et, là-bas, je tombe toujours en crise, du coup ils m’ont dit que si ce genre d’évènements se reproduisait, ça serait l’internement pour hallucinations car, avec le traitement que je recevais, je ne devais plus ressentir une peur aussi grande… Bientôt, j’allais réellement tomber malade à cause de ces doses inutiles que je prenais…

La tête dans les nuages et emmitouflé dans toutes sortes de couches qui, au contraire de ce que l’on pourrait penser, n’étaient pas du tout superflue par un temps pareil, je m’étais rendu au parc avant mon rendez-vous de la journée à l’asile de la ville… Pourquoi me faisaient-ils passer pour un fou ? J’avais réellement vu cette personne et, désormais, quiconque m’approchait ou me touchait était considéré comme un suspect potentiel…

Je les voyais, je les entendais parler et dire des choses sur moi, mais qu’aurais-je pu y faire ? Je ne savais vraiment plus où j’en étais, ma vie était tellement difficile depuis que j’avais découvert cette chose étrange chez moi, cette capacité effrayante à les entendre EUX, ceux qui nous ont quittés, ceux dont on peut parfois s’estimer content d’être débarrassé. Tout en restant plongé dans ces pensées sombres et terrifiantes à mes yeux, je continuais à marcher au milieu du parc qui, pour une journée d’hiver, me semblait bien bruyant, combien étaient-ils?

Mon don avait-il évolué ? Étais-je capable de voir entièrement les morts où n’étaient-ils encore que des ombres qui, bien loin de me paraître clairement, semblaient toujours aussi peu distinguable mais ne s’estompaient jamais à la lumière ? Je fermai les yeux en me disant qu’il était horrible de vivre ainsi. Les mains dans les poches, j’avançais encore, la tête presque rentrée entre les épaules à cause du froid.

Une voix attira mon regard, je ne savais pas d’où elle provenait, je tournai donc la tête pour le voir et, quelques secondes plus tard à peine, je me retrouvai sur les fesses, sur le sol gelé et dur. Je poussai un long soupir, avant de me relever pour continuer mon chemin et, au bout d’un moment, je m’aperçus d’un garçon qui, assis sur un carré d’herbe, venait de poser une question que j’avais entendue par hasard.

« Il n’y a personne… »

Il avait l’air effrayé, je ne comprenais pas pourquoi même si moi-même je l’étais : et si jamais il était un d’entre eux ? Et si jamais… Et si jamais… Cela pouvait sembler pathétique mais qu’auriez-vous fait à ma place ? Je m’étais dit que je devais passer au dessus de cette peur quelques instants seulement et, au bout d’un moment, me dis qu’il était normal. Pile à ce moment, je m’aperçus d’une chose étrange en lui, quelque chose qui me fit me dire, qu’il n’était peut-être pas si normal que ça… Un étrange aura se dégageait de lui…

Spoiler:

Parfois, pour lui faire peur, Toshio lui disait qu'il finirait par l'envoyer à l'asile. Mais il n'était pas fou, il le savait, et était sur que son protecteur le savait aussi. Il était seulement un enfant choqué et amnésique, et son corps luttait contre les terribles souvenirs que son cœur voulait lui rappeler, lui déclenchant ses crises violences et ces délires. La seule raison pour laquelle il n'avait pas déjà atterrit dans ce genre d'établissement, était une drôle d'habitude de le garder pour lui et seulement pour lui, et de vouloir arriver à le coincer entre quatre murs alors qu'il ne vivait même plus chez lui.
De toute facon, il faut dire que Niki ne serait pas parti, il n'avait nul part ou aller, pas de famille, pas d'amis, il devait veiller sur Akio aussi. Le pauvre garçon était tellement fragile, qu'aurait il fait sans lui ?

Ces balades nocturnes étaient sans aucun doute l'une des seules occasions pour lui de s'échapper de son train-train quotidien, métro, conservatoire, boulot, dodo etc... Il découvrait chaques jours de nouveaux coins de la ville, comme si il n'habitait pas ici depuis sa naissance, mais que depuis quelques semaines. Il s'émerveillait d'un rien. Mais surtout, ce qu'il préférait, c'est regarder de quelle facon les lumières de la ville se reflétaient sur l'eau calme de la baie, l'odeur saline venant lui chatouiller le nez.

Il ne s'était pas attendu à ce que quelqu'un vienne perturber son moment tranquilité. Qui serait assez fou (sans mauvais jeux de mots) pour venir par un temps aussi glacial, se promener devant l'eau. En particulier quand on ne savait pas ce qui pouvait sortir des bois. Un fou furieux avec un couteau, un couple qui copule...Bref, son imagination tournait à plein régime, mais comme il était un peu encore un gamin, ce n'était pas vraiment ce qui lui faisait le plus peur. Si vous saviez tous les monstres qu'il pouvait s'imaginer !

Mais une voix vint le ramener au présent. Elle n'était pas profonde, ni bizarre, juste douce. Cette présence l'apaisa instantanément. Comme si en lui, quelque chose avait arrêté de se tendre, les informations qui frappaient contre son subconscient arrêtaient de le faire souffrir, comme si il avait trouvé une sorte d'anesthésiant.
Anesthésiant qui semblait aussi apeuré que lui l'avait été quelques temps auparavant.

Je ressentais le besoin de parler à ce gars. Je savais qu'il pouvait me voir, m'entendre et me sentir, mais rien n'y faisait, c'est comme si il brûlait lui même la transmission. Je sentis toute sa peur, presque maladive, provoquée par ma présence, alors je décidais de me taire, et de m'effacer, juste un peu.


« Il n’y a personne… »

Le jeune homme plissa légèrement les yeux, ses lèvres étaient pratiquement bleues tant il était frigorifié. Il aperçut enfin la silhouette qui lui parlait. C'était un joli garcon, plus petit que lui, sans doute, les cheveux longs et bruns, il l'observait comme un animal effarouché, comme si il était entrain de calculer si il allait lui sauter dessus ou non.
Alors le plus vieux se calma, et jeta même un sourire qui aurait fait craquer une pierre.

-Tu peux venir, je ne mords pas.

Normalement. En fait, le russe était étonnamment proche des gens. Il voulait aimer tout le monde. Pour lui, chaque personne avait en lui quelque chose qui faisait qu'ils étaient tous bons. Parfois, ils faisaient des erreurs, certes, et faisaient souffrir les autres, mais il était persuadé que ce n'était que des erreurs et rien d'autre.

-Comment tu t’appelles ? Moi c'est Ni-ki-ta.

Il ne se demandait pas pourquoi il était ici. Il ne se demandait pas non plus si c'était un fou, mais il voulait qu'il s'approche. Il ne connaissait pas ce garcon, mais il savait déjà que sa présence l'apaiserait.
Maintenant, restait à savoir si il abandonnerait son regard effarouché et viendrait vers lui. Soudainement, le jeune homme sortit quelque chose de ses poches. D'un coté, une plaquette de chocolat à moitié entamée, et de l'autre, une espèce de pochette en plastique mou, remplit d'un liquide étrange, une espèce de bouillotte.

Il était près à partager son goûter et sa chaleur, comme un enfant.

[Maaaaah t'inquiètes pas :!! C'est toujours comme ca avec les débuts de rencontre xDxD]

Cette chose qui se dégageait de l’inconnu m’effrayait, c’est pour cette raison que j’étais désormais sur la défensive, cela m’arrivait à chaque fois, et si j’avais été à l’asile, ils auraient sans doute déjà été à trois autour de moi à prévoir mes réactions, ne faisant qu’empirer les choses en me disant que ça n’était pas une mauvaise chose, que je ne faisais qu’imaginer des choses, me disant qu’il n’y avait rien…

Je restai donc là après m’être adressé à cet inconnu qui semblait enfin avoir remarqué ma présence de par ma voix, mais qui se trouvait maintenant face à un adolescent effrayé qui aurait sans doute donné n’importe quoi pour échapper à ce qu’il pensait percevoir en son vis-à-vis.

Lorsque l’inconnu m’adressa à sourire, je ne répondis pas ; sans doute l’aurais-je fais si je n’avais pas été tétanisé par la peur à un tel point, j’étais donc resté là debout, à l’observer jusqu’à ce que cette présence étrange qui m’effrayait me paraisse légèrement moins forte… C’était suspect, mais je m’en inquiétais bien moins désormais.

Il me dit alors de venir près de lui, toujours légèrement méfiant, j’obéis : qui pouvait-on rencontrer à cette heure dans un parc ? Il était clair que ça pouvait être une bonne personne, mais également une mauvaise… Cependant, je ne pensais pas qu’il soit de cette deuxième catégorie… Je m’assis donc non loin de lui, sur l’herbe du parc.

« Yukio… »

Ma voix elle-même laissait percevoir ma crainte qui, bien que diminuée, n’avait pas disparu pour autant lorsque l’ombre étrange s’était dissipée en lui… Je restai ainsi à une distance assez significative de lui, l’observant sans rien dire de plus, les jambes repliées contre mon torse, les mains jointes au devant avec mes bras pour les entourer.

Tout effrayé que j’étais, je m’inquiétai à nouveau lorsque je l’entendis bouger : qu’allait-il faire ? Allait-il sortir une arme et me faire du mal ? Allait-il me mettre en danger ? Je remarquai bien vite qu’il n’en était rien, en effet, le dénommé Nikita venait de sortir de sa poche ce que je distinguais comme du chocolat, mais également une autre chose dont j’ignorais la nature exacte.

Je ne disais rien, j’étais encore trop peureux pour parler, je voyais par moment une ombre passer dans le coin, me renfermant dans ma bulle pour ne pas que l’inconnu assiste à une crise et, au bout d’un moment, me forçait à parler, bien que j’aie du mal à m’arracher ces quelques mots.

« Pourquoi tu viens ici à cette heure ? »

Question stupide peut-être, mais au moins je tentais d’établir un contact entre moi et cet inconnu du nom de Nikita. Je fermai les yeux et soupirai : ce que l’air de la nuit pouvait être froid, ce que son obscurité pouvait être effrayante, et ses ombres encore plus. Je ne voulais pas me mettre à paniquer, je devais me prouver ma capacité à résister au stress que la vue de l’un d’eux provoquait chez moi… Je ne voulais pas finir à l’asile…

L’asile, on pouvait vaguement l’apercevoir de là où nous étions, bien caché, légèrement à l’écart de la ville et en hauteur, de là-bas, on pouvait apercevoir la ville dans son entièreté, c’était d’ailleurs l’une des choses que j’aurais regretté si j’avais du y être enfermé un jour, l’idée de tous ces gens qui vivent, jouent, courent en bas de la vallée. Moi, je vivais avec cette crainte d’y finir, mais également avec l’espoir d’y échapper.

Je fermai les yeux et poussai un long soupir avant de défaire un peu l’étreinte que mes bras avaient autour de mes jambes, ayant vite fait regardé si la présence n’était pas trop grande, et ma peur ayant petit à petit fait son chemin. J’espérais juste que ma première impression avait été fausse et que, malgré ce que j’avais pu penser, l’inconnu n’était pas habité par un quelconque esprit…

Spoiler: